Chirurgie de la prostate au laser

La chirurgie de la prostate au laser est appliquée pour traiter de façon peu agressive des plaintes urinaires modérées à sévères provoquées par un agrandissement bénin de la prostate (ou hypertrophie bénigne de la prostate, HBP).
 
Lors de la chirurgie de la prostate au laser, un mince appareil optique, appelé endoscope, est introduit dans l'urètre.
Une fibre laser est introduite le long de l'instrument d'observation jusque dans la cavité prostatique bloquée. Une énergie adéquate va alors réduire, cautériser ou enlever les tissus excédentaires qui bloquent l'écoulement urinaire.
 
Tous les différents types de laser emploient de la lumière concentrée et déposent avec précision une énergie calorique intense et ciblée.

Différentes modalités de traitement de la prostate par laser

La vaporisation de la prostate au laser vert. Ce laser est utilisé pour vaporiser les tissus excédentaires de la prostate qui obstruent l'urètre.
 
L'énucléation de la prostate par laser holmium (HoLEP). Ce laser est utilisé pour exciser des parties importantes de tissus excédentaires de la prostate, de sorte que seule la capsule prostatique reste en place.
Un autre instrument, le morcellateur, permet d'évacuer ces fragments hors de la vessie.
Le laser holmium est utilisé pour des prostates de taille moyenne à importante.
 
L'ablation de la prostate par laser thulium (ThuLAP).Ce laser permet de vaporiser le tissu de la prostate et également de le découper en petits morceaux, qui seront à leur tour éliminés à l'aide du morcellateur.
Le laser thulium est utilisé pour des prostates de taille petite à moyenne.
 
Le service d'urologie de l'ASZ est le seul service en Flandre disposant d'un laser holmium ET d'un laser thulium.
 
Le type de chirurgie au laser qui sera appliqué dans votre cas dépend de plusieurs facteurs, notamment de votre état de santé, du volume de la prostate, du risque infectieux et hémorragique et de la disponibilité du laser nécessaire.
 

Pourquoi un traitement par laser ?

La chirurgie de la prostate au laser contribue à améliorer les plaintes urinaires dues à une hypertrophie bénigne de la prostate, de façon peu agressive et peu invasive.
 
Plaintes dues à une hypertrophie bénigne de la prostate:
  • Des mictions fréquentes en petites quantités
  • Un jet urinaire affaibli, goutte-à-goutte
  • Un début difficile de la miction (hésitation)
  • Des mictions nocturnes fréquentes (nycturie)
  • Une incapacité à vider totalement la vessie
  • Des infections urinaires récurrentes 
La chirurgie de la prostate au laser est également utile pour traiter et prévenir les complications d'un jet urinaire affaibli:
  • Des infections urinaires récurrentes
  • Des épisodes récurrents de sang dans les urines (hématurie)
  • Des lésions rénales et vésicales
  • Des calculs vésicaux
  • Une incontinence par regorgement et une rétention urinaire

Les avantages de la thérapie par laser

On connaît plusieurs procédures pour le traitement de l'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), comme la résection transurétrale de la prostate classique (TURP) ou l'énucléation chirurgicale de la prostate (opération selon Millin ou Hryntschak).
Par contre, la chirurgie de la prostate au laser comporte plusieurs avantages par rapport aux méthodes classiques. 
 
Pertes de sang réduites. Comme la chaleur du laser cautérise le tissu prostatique sur place, le risque hémorragique post-opératoire est nettement réduit.
Ainsi, le traitement par laser peut être un choix judicieux pour des hommes qui prennent des anticoagulants, indispensables dans le cadre des maladies cardio-vasculaires.
 
Hospitalisation plus courte. La chirurgie au laser permet dans la plupart des cas d'envisager une hospitalisation de 24 heures, ce qui est nettement plus court qu'avec les modalités de traitement traditionnelles.
À l'avenir, le traitement pourra même être effectué en hôpital de jour.
 
Rétablissement plus rapide. Les patients traités par la chirurgie au laser se rétablissent plus rapidement que lors d'un traitement conventionnel.
 
Besoin réduit de sondage (cathétérisme vésical). Dans la plupart des cas, le cathéter d'irrigation vésicale peut être retiré dès après 24 heures.
Dans des cas exceptionnels, le patient peut rentrer à domicile avec une sonde à demeure et une poche fixée à la jambe.
 

Risques et effets indésirables

Miction temporairement difficile. Pendant quelques jours après l'intervention, il se peut que vous ressentiez quelque irritation, un jet affaibli et une sensation brûlante.
C'est dû à l'énergie laser utilisée et de nature passagère.
 
Infection urinaire. Tout traitement de la prostate comporte un faible risque d'infection urinaire. Une culture des urines est toujours effectuée avant l'opération pour limiter ce risque.
En cas d'infection urinaire avérée, il est parfois nécessaire de laisser en place le cathéter à demeure plus longtemps et d'instaurer un traitement antibiotique.
En cas d'infection urinaire chronique avérée, on préfère souvent de ne pas procéder à la thérapie par laser mais d'effectuer une résection transurétrale classique (TURP).
 
L'éjaculation rétrograde (orgasme sec). Chaque type de traitement de la prostate implique un risque d'éjaculation rétrograde.
Cela signifie que le sperme produit au moment de l'orgasme trouve son chemin plutôt vers la vessie que vers le pénis.
L'éjaculation rétrograde n'est pas dangereuse et n'a guère d'influence sur le plaisir sexuel. Elle peut par contre avoir une influence sur votre possibilité de rester fertile à long terme.
 
Problèmes d'érection. Exceptionnellement, le traitement d'une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) peut entraîner une érection réduite.
Ce risque est nettement diminué avec la chirurgie au laser, vu que l'énergie du laser est appliquée localement et que la capsule prostatique, avec les nerfs de l'érection adhérents, n'est pas touchée.
 
Nécessité de réintervention. Chez certains hommes, une réintervention est nécessaire après quelque temps parce que le tissu prostatique n'a pas été enlevé totalement ou parce que ce tissu se reproduit au cours des années.
La nécessité d'une réintervention est cependant rare chez des personnes opérées par énucléation à l'aide d'un laser holmium (HoLEP) parce que ce traitement enlève la totalité du volume prostatique excédentaire (l'adénome).
 
Cicatrice (sténose) urétrale. Suite à l'intervention effectuée, une cicatrice peut se former dans des cas rares au niveau de l'urètre.
Elle peut exiger une seconde intervention en un deuxième temps pour traiter ces rétrécissements.
 

Préparation

Lors de votre hospitalisation pour un traitement de la prostate par laser, il est évident que vous respecterez les recommandations et les instructions de votre médecin traitant.
 
Quelques points importants:
 
Vos médicaments. Des médicaments anticoagulants comme Asaflow®, Sintrom®, Marevan®, Marcoumar®, le clopidogrel (Plavix®), Eliquis®etc. peuvent fortement influencer les hémorragies lors du traitement par laser. 
Votre médecin traitant vous demandera probablement de les interrompre quelques jours avant l'intervention.
 
Être à jeun. Comme le traitement de la prostate par laser s'accompagne d'une brève hospitalisation, vous devez normalement être à jeun lors de votre hospitalisation, de sorte que l'intervention puisse encore être effectuée le jour de votre arrivée.
 
Votre médecin traitant vous dira si vous pouvez encore prendre vos médicaments normaux avec une gorgée d'eau.
 

L'intervention proprement dite

Selon les dimensions et la forme de la prostate et selon le type de laser utilisé, l'intervention peut durer d'une demi-heure à quelques heures.
 
Elle s'effectue habituellement sous anesthésie générale pour que l'énergie du laser puisse être appliquée de façon ciblée sur la prostate.
 
Au cours de l'intervention, un mince instrument optique (endoscope) est introduit dans l'urètre. L'énergie ciblée est appliquée à travers la fibre laser pour cautériser (vaporiser) le tissu bénin prostatique obstruant ou pour l'exciser (énucléer). Ensuite, le tissu enlevé est éliminé de la vessie à l'aide d'un morcellateur.
 

Immédiatement après l'intervention

Cathéter d'irrigation. Un cathéter d'irrigation est introduit après la procédure laser afin de nettoyer l'intérieur de la vessie. En général, ce cathéter reste en place pendant au moins 24 heures, après quoi vous pouvez normalement quitter l'hôpital.
En cas d'infection ou de risque d'hémorragie, le cathéter doit parfois rester quelques jours en place. Vous pouvez alors rentrer chez vous avec le cathéter et une poche fixée à la jambe. Le cathéter est ensuite retiré en polyclinique.
 
Sang dans les urines. Pendant quelques jours, ou même quelques semaines après l'intervention, un peu de sang peut être présent de temps à autre dans les urines (urines rosées). C'est normal et ne doit pas vous inquiéter.
Par contre, si les urines prennent une coloration rouge foncé, il est indiqué de contacter votre médecin traitant.
 
Incontinence passagère. L'obstruction prolongée de l'urètre par la prostate agrandie peut, dans un premier temps après l'intervention, provoquer une irritation du muscle de la vessie, qui est à l'origine d'un besoin urgent d'uriner et même d'une difficulté de retenir les urines.
Parlez-en à votre médecin traitant. Il vous donnera des médicaments et prescrira éventuellement des exercices de renforcement du plancher pelvien.
 
Sensation de brûlure. Le tissu d'obstruction de la prostate ayant été cautérisé à l'aide d'énergie laser, il se peut que vous ressentiez une sensation de brûlure pendant quelques jours au niveau de l'extrémité du pénis, surtout en fin de miction.
Cette sensation de brûlure est plus fréquente lors de la vaporisation que lors de l'énucléation de la prostate.
Les plaintes peuvent subsister quelques semaines, mais des médicaments peuvent aider à les soulager.
 

Après le traitement

Incapacité de travail. Bien que la chirurgie prostatique au laser soit moins invasive que les modalités de traitement classiques, il est préférable de reporter de quelque trois semaines les activités professionnelles courantes.
 
Reposez-vous. Il est préférable de reporter de quelques semaines les activités sportives, le cyclisme, la manutention de poids lourds.
 
Activités sexuelles. Les activités sexuelles sont déconseillées pendant quelques semaines, car elles favorisent les hémorragies. De même, on peut observer initialement une éjaculation douloureuse.
 
Observez les urines. Une petite quantité de sang (urines rosées) est normale pendant quelques jours ou semaines.
Contactez votre médecin traitant en cas d'hémorragie importante.
 
Prise des médicaments prescrits. Votre médecin vous prescrira probablement un antibiotique pendant quelques jours et parfois un produit antihémorragique.
Il peut également vous recommander d'attendre quelques jours avant de reprendre les anticoagulants.